Aristote et le sens de l’altérité
Aujourd’hui dans la culture moderne parler de l’autre, c’est d’abord parler d’une personne. Des tensions existent dans ce domaine : la xénophobie se veut une peur contre-citoyenne de l’altérité mais la théorie du gender se veut un refus citoyen de l’altérité spécialement sexuelle. Les récentes réflexions sur l’écologie voudraient étendre l’altérité citoyenne aux arbres, au monde animal, à la terre, pour que la nature ait les mêmes droits que les hommes, et qu’elle soit considérée comme un autre à protéger. Pour Aristote, l’altérité est une question encore bien plus vaste au départ. Chaque réalité est autre, et cela s’étend à la plus petite des qualités par rapport à d’autres, et même notre propre personne peut être considérée « en tant qu’autre » dans l’analyse philosophique. Mais cette exigence de réalisme de départ, pas à pas, va porter des fruits étonnants au terme. La condition pour Aristote, c’est de rester dans ce réalisme tout au long de la démarche.
Aristote utilise l’altérité dans chaque partie de sa philosophie ; il a donc fallu faire un choix dans le présent travail. On pourra commencer par exploiter le fait qu’enfant, l’être humain a tout à apprendre. Sa connaissance au départ est une « table rase », il doit tout recevoir du réel extérieur. On pourra ensuite évoquer l’altérité en éthique, en politique, en philosophie de la nature, du vivant. Cette dernière nous introduira à une altérité par séparation de la matière, conduisant à un état déjà d’ordre méta-physique. On parlera enfin de la philosophie première, présentée comme capable par excellence d’atteindre l’immobile ou le séparé, et qui parvient à poser l’existence d’un Autre transcendant et Acte pur.