La différence de connaissance entre l’homme et l’animal s’explique-t-elle par le cerveau ?
l’analyse des rapports entre cerveau et connaissance prend sa place en raison des grandes découvertes sur le cerveau faites depuis le siècle dernier. Les médias occidentaux ont donné la faveur aux scientifiques qui pensent que tout peut s’expliquer par le cerveau : d’où un glissement de la culture occidentale vers une confusion dans la distinction entre l’homme et l’animal et le succès de films comme Matrix ou Transcendance. La science n’a effectivement guère d’autres lieux que le cerveau pour étudier la différence la plus profonde entre l’homme et l’animal du point de vue de la connaissance. Comme dans toutes les phases exaltées de révolution scientifique, émergent des pensées positivistes, des lectures basées sur l’impression que la science prend le dessus sur toute connaissance humaine. Sur ce sujet et dans ce courant, le positiviste français J.-P. Changeux a écrit des milliers de pages et a acquis une réputation mondiale. L’opinion la plus répandue devient que les animaux ont aussi la pensée et l’intelligence, ou encore que l’homme est simplement un animal plus évolué que les autres, surtout du côté de son cortex, mais sans véritable spécificité dans le monde vivant. Il est un pur fruit de l’évolution, donc simplement une forme mieux adaptée sur certains points. Toute cette question revient plus précisément à un point central : quelle place donner au cerveau ? Il est important d’éclaircir cette question, sans complexe culturel ou scientifique. Dans cet article nous nous cantonnerons aux rapports entre cerveau et connaissance : qu’est-ce que la pensée, l’intelligence, la conscience et leur rapport avec le cerveau ? Quel est le lieu de la différence essentielle entre l’homme et l’animal ?
Stéphane-Marie BARBELLION, c.s.j. : « La différence de connaissance entre l’homme et l’animal s’explique-t-elle par le cerveau ? », article, Aletheia, n° 47, 2015, pp. 23-51.